Les effets de l’ancienneté des salariés sur la performance sociale des entreprises françaises
Baggio S. et Sutter P-E
« Les mal-aimés en entreprise : jeunes et seniors ». Ce titre d’un ouvrage tout récent (Regnault, 2009) ne peut pas mieux résumer la façon dont les croyances ou les stéréotypes sur les jeunes et les seniors influencent négativement les décisions de gestion, nuisant ainsi plus spécifiquement à ces catégories de salariés. Bien qu’ayant la meilleure performance sociale au sein des entreprises, les jeunes et les seniors sont ceux qui en France présentent le plus fort taux de chômage. Ce sont bien les stéréotypes qui pèsent sur le réel et non l’inverse. L’emploi des jeunes et des seniors constitue une question cruciale, dans une société qui se targue de diversité et qui peine à se l’appliquer à elle-même. En effet, jeunes et seniors souffrent le plus souvent d’une image dégradée dans l’entreprise. Les seniors s’adapteraient mal aux évolutions incessantes des technologies et du marché du travail. Peu mobiles, peu flexibles, moins rentables, les seniors sont en effet objets de préjugés tenaces sur le lieu de travail. La réalité, mise à jour par pléthores d’études sur le sujet, montre au contraire que les seniors parviennent à pallier à leur vieillissement et de son inéluctable perte de compétences physiques et cognitives. Ainsi, ils parviennent à développer des stratégies, individuelles ou collectives, qui leur permettent de contrebalancer leurs faiblesses en conservant une performance non moindre à celle de leurs cadets (Delgoulet, Millanvoye et Volkoff, 2005 ; Volkoff, Molinié et Jolivet, 2000). Leur expérience – au travail et dans la vie – autorise cette compensation, et fait des seniors de véritables ressources pour l’entreprise : fidèles, matures, autonomes, professionnels, capables de leadership et de prise de recul (Christin, 2009). Les jeunes souffrent eux aussi d’un certain nombre de préjugés au travail : ils manquent de savoir vivre, obéissent peu, sont plutôt individualistes et peu patients (Regnault, 2009). Pourtant, des études montrent que les jeunes sont plutôt satisfaits de leur travail et s’y sentent bien (étude réalisée par En-Contact, 2009). Au contraire, le manque de perspectives d’évolution que leur offre l’entreprise les fait craindre de stagner, et les incitent à la mobilité. De même, bien que qualifiés d’individualistes, les relations sociales occupent une place essentielle pour les jeunes (cf. également Beaujolin, 2008).
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